Mémorandum sur la situation désastreuse au Nord Kivu et au Sud Kivu
À l’intention du gouvernement du Royaume Uni
Les opérations militaires conjointes FARDC/CNDP/RDF, loin de contribuer à la stabilité, viennent de plonger la région dans une instabilité sans précédent et dont l’issu reste incertain. Point n’est besoin de démontrer que le régime antidémocratique de Kigali et l’incompétence manifeste de l’homme à la tête de notre pays avec son équipe de malfrats précipitent la partie Est de notre pays dans une situation d’impasse. Ce qui est paradoxal, ces opérations sont intervenues, juste au moment où tout l’espoir était placé dans un processus où les combattants du RUD, volontairement désarmés, étaient rassemblés à Kasiki et venaient d’envoyer leur délégation à Kigali pour voir les conditions d’accueil dans leur pays. Tout homme averti pourrait se poser deux questions :
Quelle était l’urgence de lancer des opérations militaires conjointes sur ces réfugiés désarmés qui ne représentaient aucun danger ?
Est-ce que la sortie du rapport des experts de Nations Unies accablant le Rwanda gênait Joseph KABILA au point qu’il fallait voler au secours de Kagame pour lui éviter la condamnation et les sanctions du Conseil de Sécurité de l’ONU ?
Les réponses à ces deux questions sont à chercher ailleurs, à savoir dans les mobiles de cette instabilité entretenue délibérément par Kagame et Kabila et son équipe de malfrats composée de KATUMBA MWANKE et du Gén John NUMBI. Pour cette équipe, la guerre est une source d’enrichissement par le détournement des deniers publics, le détournement des soldes des militaires et le pillage des ressources naturelles tel que le coltan. Kagame, Kabila et son équipe de malfrats, sont tous impliqués dans le commerce de coltan. Ils n’ont aucun intérêt dans la stabilisation de deux Kivu. Les comptoirs de coltan qui prolifèrent ces derniers temps appartiennent à cette bande de criminels qui n’accepteront jamais que ce secteur soit contrôlé par les institutions légales du pays. Les autres raisons avancées pour maintenir l’instabilité sont fausses et sans fondement. Les combattants rwandais vivant à l’Est de la RDC servent toujours de prétexte pour le régime actuel rwandais pour venir piller notre pays avec la complicité des autorités congolaises sans scrupule. Ces combattants constituent plus une menace pour le Congo qu’au régime actuel de Kigali. Mais curieusement, Kigali et Kinshasa ont besoin de ces combattants pour continuer leur pillage. C’est un véritable complot contre la population. Comment alors comprendre l’attitude du Royaume Uni qui observe sans réagir et qui continue à soutenir le régime de Kigali qui tue les congolais ?
Présentation de la situation actuelle sur terrain.
La situation sur terrain est confuse et en même temps chaotique. On ne sait plus qui se bat contre qui ? Dans cette situation, la victime est la population congolaise, spécialement les habitants du Nord Kivu et du Sud Kivu. Tous les territoires de ces deux provinces sont des champs de batailles. La population est dans un état de désarroi. La population ne cultive plus et bientôt c’est la famine. Les autorités de Kinshasa continuent de dire que les opérations militaires ont ramené la paix et la sécurité dans les deux provinces. La dure réalité que ces autorités ne veulent pas révélées est que la situation est pire qu’avant. Avant les opérations militaires conjointes, seuls concernés étaient les territoires de Rutshuru et Masisi, aujourd’hui, Lubero, Walikale et tout le Sud Kivu connaissent des déplacements de population dus à la guerre. Le déchaînement de la violence est devenu incontrôlé, on assiste aux actes de barbarie au sens propre du mot, la population civile paie une lourde tribu de cette barbarie.
Les auteurs de ces actes sont des hommes armés étrangers et congolais.
Les FARDC, éléments supposés protéger la population sont les premiers qui volent, pillent, commettent des viols et malmènent la population civile parce qu’ils ne sont pas bien payés et leurs soldes détournés par l’hiérarchie militaire.
Le CNDP, ces éléments sans identité fixe sont tantôt congolais, tantôt rwandais, tantôt ougandais ou burundais. Ils ne se soucient pas de la vie et des biens de la population autochtone. Ils tuent et incendient les maisons à leur passage. Ils violent les femmes. Le viol est leur arme principale. Ils utilisent la terreur pour obliger la population civile à fuir et laisser leurs terres aux vaches qui viennent du Rwanda. Ils prétendent protéger les intérêts du Rwanda et défendre la minorité TUTSI. Un phénomène nouveau que l’on observe dans les rangs du CNDP, c’est la présence des ex-FDLR dernièrement rapatriés chez eux au Rwanda qui sont de retour sous l’étiquette du CNDP. On ne comprend plus rien. L’Est de la RDC devient une jungle ou différents groupes armés font la loi.
RDF (Forces de défense du Rwanda), ils entrent sous l’étiquette du CNDP, massacrent la population, violent les femmes et incendient des maisons retournent chez eux et se font remplacer par d’autres. Tous les forfaits de l’armée rwandaise sont attribués à dessein aux FDLR.
les fameuses FDLR, dont on ne connaît pas réellement l’agenda. Ils sont là fortement armés, intouchables, entretenant de relations ambiguës avec les FARDC, les Mayi Mayi et parfois même avec une partie du CNDP. Ils font du commerce, volent le petit bétail et les récoltes de la population autochtones. Nombreux parmi eux vivent sur le dos de la population. Ils n‘ont pas de leadership politique. Ils présentent un danger parce que n’importe qui peut les utiliser dans la déstabilisation de notre pays.
Les RUD, est un mouvement des combattants rwandais dont les éléments sont des Hutu et des Tutsi. Ils sont eux aussi lourdement armés. Contrairement aux autres forces présentes sur terrain, celles-ci vivent en harmonie avec la population. Leurs leaders politiques qui vivent en Occident viennent souvent les voir et passent beaucoup de temps avec eux. Ils entretiennent de bonnes relations avec les agents de la MONUC qui n’hésitent pas à passer les nuits dans leur campement avec leurs véhicules. Ils sont en contact avec les hautes autorités de Kinshasa. Ils se sont mariés aux femmes congolaises, spécialement de la communauté des BAHUTU de Rutshuru et Masisi. Ils cultivent leurs propres champs et font parfois du commerce. Leur intégration au sein des communautés locales semble leur réussir. La population semble les accepter et les tolérer. Ce qui est étonnant dans ce groupe est qu’ils font des allers-retours au Rwanda. Dans les rangs de ce mouvement, on trouve aussi des jeunes de la communauté HUTU congolaise. Ils répondent tous aux ordres d’un seul commandement. Ils combattent les éléments du CNDP. Ils sont alliés aux Mayi Mayi et certaines unités des FARDC. Ils constituent une source d’insécurité potentielle du fait qu’ils sont lourdement armés sur notre territoire. Ils opèrent en territoire de Rutshuru et Lubero. Leur comportement est exemplaire et hautement apprécié par la population.
Les différents groupes armés congolais présents partout au Nord et au Sud Kivu se battent pour protéger leurs parents et leurs villages. Ils sont une réponse directe au CNDP et aux forces de Kagame qui veulent occuper, piller et contrôler des territoires en RDC. Nous ne sommes pas contre la minorité TUTSI congolais, mais ceux-ci, ne doivent pas prétendre qu’ils peuvent dominer et diriger les autres tribus autochtones. Instrumentalisés par l’actuel régime Tutsi de Kigali, ils ont mené des guerres qui ont emporté plus de 5 millions de vies humaines congolaises. Combien faudra-t-il tuer pour qu’ils cessent leurs aventures ? Les groupes armés congolais résisteront jusqu’à ce qu’à la mise en échec de la politique de Kagame et de son allié Joseph Kabila. Nos alliés sont tous ceux qui combattent directement Kagame et le CNDP.
Depuis le lancement des opérations militaires par la coalition RDF/CNDP/FARDC, le trafic des stupéfiants tel que le chanvre est devenu une activité lucrative et génératrice de revenus. La culture de chanvre se développe. On commence à exporter ces stupéfiants à Kampala et à Kigali. La ville de Kayina est devenue la plaque tournante de ce trafic. Les principaux exportateurs sont des éléments des FARDC qui utilisent les véhicules de l’armée pour ce commerce prospère.
La région compte parmi les plus grandes poudrières du monde. Les armes et munitions s’achètent facilement. Tous les trafiquants ougandais, rwandais et FARDC viennent vendre leurs surplus d’armes dans la zone de Rutshuru et de Lubero. Une boîte de munitions de Kalachnikov coûte désormais entre 20 et 35 dollars. Une mitrailleuse se négocie entre 75 et 100 dollars. Une lance-roquette RPG-7 se négocie à 50 dollars. Tout se vend et à moindre coût.
Acteurs au conflit au second degré.
A côté des acteurs armés sur terrain, il y a des puissances étrangères qui attisent le feu à l’Est de la RDC. Ces sont principalement les Etats-Unis et la Grande Bretagne. Le soutien financier, politique, militaire et diplomatique de la Grande Bretagne au régime de Kagame fait de ce pays un acteur de deuxième degré dans la guerre que le Rwanda mène en RDC. Consciemment la Grande Bretagne finance la guerre qui tue la population congolaise. Cette attitude compromet les intérêts de la Grande Bretagne et des Etats-Unis dans la région. Il est grand temps que ces deux pays comprennent que le soutien inconditionnel à la minorité Tutsi ne leur avancera à rien. Il faut arrêter immédiatement ce soutien et œuvrer pour que le régime rwandais se démocratise et que les HUTU et les TUTSI au Rwanda puissent dialoguer et partager le pouvoir. A notre avis et selon l’opinion de toute la population, c’est la seule solution qui fera partir les combattants rwandais de la RDC. Un régime démocratique au Rwanda serait un facteur majeur de stabilisation de l’Est de la RDC. Il n’y aurait plus de réfugiés, il n’y aurait plus de combattants rwandais en RDC. Il n’y aurait plus de CNDP ni de Mayi Mayi. Le risque de somalisation de l’Est du Congo sera écarté et vos pays pourront investir leurs fonds chez nous sans crainte.
Le nouveau régime démocratique au Rwanda entrera dans un jeu à somme positive avec la RDC où le destin de l’un sera indissociable de celui de l’autre. On entrera dans une ère de paix-construction où la paix sera un moteur de développement pour nos deux peuples. La RDC a plus besoin de paix-construction et non de paix-trêve avec le Rwanda. Ce qui se passe aujourd’hui entre Kagame et Kabila est une honte. Leurs combines excluent leurs peuples respectifs. Il y a une véritable rupture entre les deux présidents et leurs peuples. Ce qu’ils font ne va pas dans l’intérêt de deux peuples ni dans l’intérêt des Etats-Unis ni dans l’intérêt de la Grande Bretagne. Voilà pourquoi, au nom du groupe que je représente, le Front des Patriotes pour le Changement (FPC), je vous demande d’agir vite pour sauver les rescapés de la barbarie. De notre côté, nous sommes prêts à devenir vos partenaires dans la construction d’une véritable paix dans la région et défendre vos intérêts. Plutôt que de miser sur une minorité Tutsi qui s’est déjà attirée la colère de toutes les communautés de deux Kivu avec les massacres de plus de 5 millions de population, nous vous proposons de compter sur la majorité qui est prête à coopérer et collaborer avec vous dans tous les domaines. S’il vous plaît, agissez vite. Débarrassez la région du régime criminel de Kagame et de son allié Joseph Kabila Kabange.
Fait à Lubero, le 29 septembre 2009
Gén. Maj KAKULE Sikuli Lafontaine
Commandant du Front des Patriotes pour le Changement/ Biso na Biso
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